Réalisé en 1989, ce film est composé de 8 courts-métrages:
1. Soleil sous la pluie
2. Le verger aux pêchers
3. La tempête de neige
4. Le tunnel
5. Les corbeaux
6. Le mont Fuji en rouge
7. Les démons rugissants
8. Le village des moulins à eau
Chaque petite histoire a sa morale, les paysages sont d'une beauté inégalable, la musique reveille l'âme. Un melange subtile de réalité et de féerique parsemmer de moment psychédelique et qui frôle parfois le cauchemardesque. Une belle leçon de vie...
1. Soleil sous la pluie
Dans Soleil Sous La Pluie, un enfant transgresse un interdit: il se cache pour voir les renards se marier dans la forêt. L'exil forcé sera sa punition. C'est bien connu, l'interdit fascine et finit par l'emporter. En voyant ce premier rêve, difficile de ne pas penser à l'enfance de Kurosawa dont le destin bascula dans une salle de cinéma, malgré l'interdiction de son père militaire. On retrouve la légende du Kitsune. Le kitsune est un nom communément employé pour désigner le renard rouge du Japon. Dans le folklore Japonais, les esprits kitsune sont réputés pour être doués de pouvoirs fabuleux, comme la possession, apparaître dans les rêves, créer des illusions complexes et même courber le temps et l'espace... ou rendre les gens fous.
2. Le verger aux pêchers
Dans Le Verger aux Pêchers, face aux âmes des arbres fruitiers abattus, le petit Akira pleure parce qu'il ne peut plus se délecter de leurs pêches: c'est le spectacle des arbres en fleurs qui lui manque, car "s'il est facile d'acheter des fruits, où peut-on acheter tout un verger fleuri ?". On retrouve "Hina Matsuri" (littéralement « fête des poupées »), une fête qui a lieu au Japon le 3 mars. Les petites filles japonaises exposent de précieuses poupées posées sur des petites estrades à plusieurs niveaux. Ces poupées spéciales, qui se transmettent de génération en génération, sont rangées dans un carton tout le reste de l'année. Les âmes des pêchers coupées apparaisse sous forme de personnages d’époque représentant les poupées de cette fête là.
3. La tempête de neige
Dans La Tempête de Neige, il est question de la volonté de survie de trois montagnards. Kurosawa, dans ce court métrage, nous offre sa version de la fée des neiges (Yuki Onna). Très populaire, la Yuki-Onna, ou femme des neiges, apparaît dans les nuits glaciales et enneigées comme une grande et belle femme aux longs cheveux, mais à la peau très pâle. Son regard inspire la terreur, et elle semble prendre plaisir à congeler tout voyageur imprudent perdu dans la neige. Certains contes lui attribuent même la faculté d’aspirer l’essence vitale de ses victimes au travers du contact charnel. Elle semble avoir le pouvoir de flotter au-dessus de son élément, ne laissant aucune trace, ou même de se transformer en un nuage de neige.
4. Le tunnel
Dans Le tunnel, le réalisateur s'exprime sur la tristesse et l'absurdité de la guerre. Un officier revenu du champ de bataille, croit voir le bout du tunnel, la fin de l'horreur... Mais les fantômes des disparus qui étaient sous ses ordres le rattrapent. Ils incarnent la torture du sentiment de culpabilité que ressent un homme convaincu qu'il est responsable de leur mort. "Héros, vous avez eu une mort de chien!" leur dit-il en pleurant avant de les supplier de repartir, nous rappelant que la guerre détruit aussi ceux qui lui survivent. Dans ce tunnel, symbolisant le passage du monde des vivants au monde de l’au-delà, le réalisateur met en scène des Bakemono: fantômes, ou revenants. Ils occupent une place importante dans la littérature asiatique, le théâtre, et les manga. Ils ne sont pas forcément "vengeurs" ou maléfiques comme en occident, ce sont plutôt des âmes en peine qui ont besoin qu'on les aide à trouver le repos.
5. Les corbeaux
Dans les corbeaux, Kurosawa rend le plus original et le plus bel hommage qu'un cinéaste ait pu rendre à un peintre, ici au génie Vincent van Gogh. L'utilisation des effets spéciaux rend encore plus magnifique sa peinture. Dans ce cour metrage on se retrouve littéralement plongé au cœur des tableaux de Vincent Van Gogh, suivant le jeune Kurosawa à la recherche, puis dans la rencontre avec le peintre, dans des paysages somptueux.
6. Le mont Fuji en rouge
Dans le mont Fuji en rouge, à la suite de l'explosion d'une centrale nucléaire, le mont Fuji s'écroule, et tout l'archipel sombre dans le néant. Le réalisateur, à présent incarné par un adulte, sorte de touriste candide découvrant le monde de ses rêves, lutte en agitant désespérément sa veste pour repousser les horribles nuages radioactifs technicolorisés. Kurosawa met en scène une peur typiquement japonaise, celle de l’éruption de leur fameux volcan : le Mont Fuji. Le volcan fut très vite vénéré comme un kami, c’est-à-dire une divinité populaire. Il réunit à la fois, les symboles du Ciel, de la Terre et du Feu et inspire des sentiments de crainte, de danger et, malgré tout, de paix. Son éruption serait donc divine pour eux, une sorte de colère divine de la nature, une punition. Mais aussi pour accentué le fait que les japonais ne contrôle pas la nature et qu’elle peut se retourner contre eux.
7. Les démons rugissants
Dans les démons rugissants, Kurosawa nous offre une vision de l'enfer dans lequel les hommes, devenus de misérables démons cornés sont condamnés à errer et à se dévorer entre eux... On peut voir chez les démons rugissants (humains victimes des conséquences nucléaires) des Oni. Dans le folklore traditionnel japonais, les Oni ont bien entendu très mauvaise réputation. Ils symbolisent le démon ou le diable à la japonaise. Ce court métrage peut être vu comme une suite possible au Mont Fuji en rouge. La vision d’une terre apocalyptique, de cendres noires, d’étranges fleurs. Conséquence d’une explosion nucléaire. Les démons tant qu’à eux offre aux spectateurs la vision d’humain animalisé, à l’image de démons, de bêtes qui s’entre-mange pour survivre.
8. Le village des moulins à eau
Dans Le village des moulins à eau, les habitants vivent au milieu de la forêt avec l'énergie hydraulique et meurent centenaires. Même la mort naturelle y est célébrée comme une fête, voire une leçon de vie, car elle n'est pas considérée comme une fin injuste, mais comme la renaissance d'un cycle. Ce court-métrage illustre une conception de vie idyllique : respect de la nature, vivre avec ses ressources, célébrés la mort comme une fête. On y voit la mise en scène d’une marche funèbre bien loin des enterrements occidentaux où la joie et les chants sont de rigueurs.
Pour rompre radicalement avec le pessimisme des rêves précédents, le film se termine avec légèreté sur un beau songe utopique: et si l'homme réapprenait à vivre en totale harmonie avec la nature ?
(source: wikipedia, kytsune.org)